UE D : Territoire et société

Le thème proposé pour le printemps 2024 est Plages et rives urbaines : des espaces à l'épreuve de l'effondrement climatique. Cette année, l'UED s'attachera à:

- étudier les changements d'usages et des publics des plages urbaines du lac Léman et des rivières du Rhône et de l'Arve sur le territoire du Grand Genève, région urbaine dense et transfrontalière prise en tenaille aujourd'hui entre grands projets urbain et questions environnementales, situation que reflètent la diversité des positionnements communaux et commerciaux quant à l'aménagement et la construction d'infrastructures « balnéaires », plongeoirs, bassins artificiels, buvettes, ginguettes, vestiaires, douches, grills etc.

Il s'agira pour les étudiant-e-s et leurs enseignant-e-s d'analyser, à partir d'une plage ou rive genevoise, l'évolution au cours du printemps, les usages et les appropriations, d'insiders ou populaires, de ces espaces particuliers que sont les plages publiques urbaines. Le choix de Genève répond quant à lui à la singularité de cette ville suisse en termes d'offre de plages et sites de baignades anciennes (Bains des Pâquis) et nouvelles (Plages des Eaux-Vives), fameuses ou discrètes, voire secrète (plage du Rhône). La question de la mémoire de ces lieux aussi familiers qu'étranges au gré de l'avancement de la saison vers l'été y sera aussi abordée, en vue d'en penser l'avenir et la fatale transformation et commercialisation. C'est aussi à partir de l'observation de ces micro-chantiers atypiques, menés par des associations, des autorités publiques ou des privés, que l'on peut comprendre de manière fine la « fabrique de la ville », non seulement dans le présent, par ce qu'elle parvient à préserver des traces des formes anciennes de la ville, mais aussi dans ce que ses plans d'urbanisme, ses programmations urbaines, permettent de projeter à partir de ces traces.

Au-delà de ce « focus » sur les plages urbaines de Genève, l'idée fondamentale que nous défendons dans cette UE est qu'il est nécessaire, pour que les transformations urbaines ne résultent pas de la seule imposition des acteurs.trices publics.ques ou des entreprises privées, mais aussi des pratiques sociales et spatiales les plus ordinaires de tous.es les habitant.e.s et usager.è.r.s permanent.e.s ou éphémères, de « convoquer » ceux et celles-ci à participer dans le présent à la programmation de telles transformations. Qu'il s'agisse effectivement de la production d'espaces XXL ou, comme pour les plages et rives, XXS, la prise en compte politique et scientifique des pratiques spatiales collectives dans leur rapport au processus d'urbanisation détermine fortement les conditions d'un développement urbain durable réel, c'est-à-dire autant matériel que social.

En amont de ces débats, nous proposons de questionner sur trois plans les liens entre une «politique publique d'occupation» des rives et plages, encore largement à inventer et le développement social et «populaire» de la ville:

(1) apaisement des relations entre programmations progressistes et conservatrices en vue d'aborder les questions globales telles que le changement climatique ou la durabilité.

(2) participation des habitants (dans cette perspective, nous ne considérons pas les baigneur.euses comme de simples consommateurs de dispositifs récréatifs, mais comme des acteurs d'une politique de la ville devant choisir en permanence ce qu'il faut modifier, détruire ou préserver des espaces.

(3) capital social et d'intensité urbaine (en termes d'appropriations, d'urbanité, de sociabilités etc.).